La psychose de la grippe aviaire, une no La psychose de la grippe aviaire, une nouvelle épreuve
La crise de la grippe aviaire fragilise à nouveau l'exploitation des Denonnain, tout juste remise de trois années difficiles en dindes.
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Hubert et Bernadette Denonnain ont construit leurs deux premiers bâtiments pour volailles, il y a presque vingt ans, pour installer leur fils Bruno et développer leur exploitation en polyculture-élevage de Ferrière- sur-Beaulieu (Indre-et-Loire), bordée au nord et à l'est par la forêt. La deuxième vague de construction a eu lieu entre 1994 et 1996, en même temps que la création d'une deuxième exploitation pour préparer l'arrivée de leur autre fils Christophe et embaucher un salarié. A cette période furent montés le second bâtiment label et deux autres pour de la dinde classique. L'ensemble en contrat avec le groupe Gastronome. En 1999, les signes de qualité ayant le vent en poupe, ils mettent sur pied deux structures label en plus pour produire du Poulet fermier de Touraine ou des pintades fermières. La diversification de départ est donc devenue la principale activité des deux frères : la dinde et le poulet label représentant 75 % du chiffre d'affaires.
Baisse de marges
Jusqu'en 2000, Bruno et Christophe Denonnain obtenaient de bonnes performances techniques en dindes et les marges suivaient. A la fin de 2000, l'interdiction des farines de viande mettait fin à ces bons résultats. « Cet arrêt a remis en cause l'alimentation des animaux et les techniques d'élevage », indique Christophe. En octobre 2002, l'antiparasitaire Nifursol est à son tour interdit. Les conséquences apparaissent dès la bande suivante. « Le dindon est un animal très sensible, nous avions des problèmes de diarrhée, les litières se dégradaient et provoquaient des boiteries », décrit Bruno. Les frais vétérinaires s'envolent, le taux de saisies aussi. La marge PA (poussins-aliment) s'effondre à 10,3 €/m² : - 40 % par rapport au lot d'avant, puis 9,5 €/m² après la canicule de l'été 2003. Avec l'aide du groupement, les éleveurs font beaucoup d'efforts pour faire évoluer leur conduite technique tant sur l'alimentation que l'abreuvement, le cloisonnement ou le programme lumineux. Ces efforts portent leurs fruits : en 2004 et 2005, les marges PA oscillent entre 13,3 et 16,8 €/m² par bande. Le dernier lot parti en février 2006 a même atteint 18 €/m². C'est dans ce contexte redevenu favorable que survient la crise de la grippe aviaire. « A un moment où nous pouvions enfin espérer des résultats, c'est la catastrophe », déplore Bruno. Pour l'instant, les éleveurs n'en ont pas subi de conséquences directes : leurs dernières bandes de volailles étant parties en janvier et février avant l'effondrement du marché.
Décalages des bandes
Les exploitants sont inquiets : « Les décalages actuels de mises en place se répercuteront sur les autres éleveurs ; nous aurons des retards après mai », prévoit Christophe. Les aides ministérielles leur passeront sous le nez. « Nous ne pouvons déclarer aucun retard d'enlèvement ni d'allongement de vide sanitaire d'ici au 30 avril 2006 ccomme le prévoient les règles d'indemnisation, ndlrs, puisque nos volailles partent au début de mai », lancent-ils. Ce départ risque d'être retardé : « C'est le pire », note Christophe, qui préférerait un allongement du vide sanitaire pendant lequel la seule charge est l'amortissement des bâtiments.
Autre inquiétude : le confinement des volailles de plein air, rendu obligatoire en Indre-et-Loire le 15 février. Conformément à la politique de Gastronome, les frères n'ont pas demandé de dérogation aux services vétérinaires pour les poulets et pintades qui auraient dû sortir à la fin de mars. Ils craignent des conséquences techniques et financières. « Comme les animaux seront plus lourds, nous aurons plus de déclassements à cause des “ampoules au bréchet” ckystes sous-cutanés, ndlrs », précise Christophe. « Il y aura beaucoup de picage et de griffage quand l'ensoleillement va augmenter », ajoute Bruno. Or, le montant du dédommagement de ces déclassements n'est pas connu : la circulaire ministérielle correspondante n'étant pas encore publiée.
Enfin, face à la réaction des consommateurs, ils sont un peu amers : « Les filières de plein air sont celles qui apportent le plus de garanties, mais comme elles sont surtout vendues en volailles entières, elles sont davantage touchées par la psychose des consommateurs. »
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